Agir contre la surexploitation des espèces vulnérables lors de la CoP20 de la CITES
Agir contre la surexploitation des espèces vulnérables lors de la CoP20 de la CITES
Tous les trois ans, des représentants du monde entier se réunissent dans un but précis : protéger différentes espèces contre la surexploitation due au commerce international.
La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) semble être très technique, et c’est effectivement le cas. Mais, pour présenter les choses simplement, il s’agit d’une instance de prise de décisions sur l’interdiction ou la restriction du commerce de différentes espèces.
Ces décisions peuvent concerner de nombreuses espèces, y compris les animaux les plus en danger de la planète, et ont une influence sur la survie de ces espèces à long terme.
IFAW participe à la CITES en tant qu’observateur depuis plus de trente ans, en mettant à disposition son expertise pour aider les représentants des gouvernements à formuler des recommandations, à fournir des données et à plaider en faveur de l’adoption de protections renforcées pour différentes espèces à risque.
Cette année, la vingtième Conférence des Parties (CoP20) à la CITES aura lieu à Samarkand, en Ouzbékistan, du 24 novembre au 5 décembre 2025. Des experts d’IFAW seront présents sur place pour appeler les gouvernements à prendre des mesures décisives en vue de protéger des espèces vulnérables qui sont déjà au bord de l’extinction, ainsi que d’autres espèces qui pourraient rapidement se retrouver dans la même situation si des mesures de protection ne sont pas immédiatement adoptées en leur faveur.
Les espèces prioritaires pour IFAW en ce mois de novembre seront notamment les requins, les éléphants, les rhinocéros et les girafes, ainsi que différents animaux touchés par le commerce d’animaux de compagnie exotiques, en particulier des espèces endémiques, c’est-à-dire des espèces dont l’habitat naturel se concentre dans un seul pays.

Requins et raies
Dans le monde entier, nous assistons à un déclin alarmant d’espèces vitales pour la santé de la planète. C’est notamment le cas des requins et des raies, qui jouent un rôle crucial dans l’équilibre des écosystèmes océaniques.
IFAW exhorte les gouvernements à soutenir sept propositions visant à interdire ou à encadrer le commerce des produits issus de plusieurs espèces de requins et de raies dont la plupart sont classées comme étant en danger ou en danger critique d’extinction sur la Liste rouge de l’UICN.
L’une de ces propositions consiste à inscrire le requin longimane à l’Annexe I de la CITES, ce qui correspond au plus haut niveau de protection, avec une interdiction de tout commerce international. Bien qu’il soit l’une des espèces de requins les plus protégées au monde, le requin longimane (également appelé requin océanique) reste fortement exploité. D’autres propositions visent à inscrire également à l’Annexe I les requins-baleines (qui jouent un rôle essentiel dans l’écotourisme de nombreux pays du monde mais restent menacés en raison du commerce de leurs ailerons) ainsi que les raies manta et les mantes, des espèces poussées au bord de l’extinction en raison du commerce non durable dont elles ont fait l’objet pendant des décennies.
Presque toutes les espèces de la famille Rhinidae (soit 17 espèces sur 18, incluant notamment les grandes raies-guitares) sont aujourd’hui en danger critique d’extinction, en grande partie à cause de la forte valeur marchande de leurs ailerons. IFAW est favorable à la mise en place d’un quota d’exportation annuel nul afin d’interrompre temporairement le commerce de ces espèces, ce qui permettrait à celles-ci de se rétablir jusqu’à un niveau où il serait à nouveau possible d’en envisager un commerce durable.
D’autres propositions concernent l’inscription des émissoles et des squales-chagrins à l’Annexe II afin de mieux réguler le commerce de ces espèces en danger. Les émissoles sont une espèce de requin très prisée dans le cadre du commerce mondial de viande de requin et de petits ailerons, tandis que les squales-chagrins sont ciblés pour leur huile de foie.
Renforcer les mesures de protection de ces espèces est essentiel pour en réduire le commerce international non durable.

Commerce d’animaux de compagnie exotiques
Le commerce international d’animaux vivants destinés à servir d’animaux de compagnie exotiques met de plus en plus en péril certaines populations d’animaux sauvages.
De nombreuses espèces endémiques sont très prisées dans le cadre du commerce d’animaux de compagnie exotiques en raison de leur rareté et de leurs caractéristiques exceptionnelles. Même si ces animaux sont souvent protégés dans leur pays d’origine, beaucoup sont capturés illégalement dans la nature puis « blanchis » à travers le commerce d’animaux élevés en captivité.
C’est le cas des iguanes des îles Galápagos, pour lesquels IFAW exhorte les gouvernements à soutenir la proposition consistant à transférer ces reptiles de l’Annexe II à l’Annexe I, ce qui permettrait de protéger ces espèces endémiques de la menace du trafic d’animaux de compagnie et de mieux vérifier les allégations selon lesquelles ces animaux seraient élevés en captivité.
Les Phyllurus, une espèce de geckos endémique d’Australie, fait également l’objet d’une proposition d’inscription à la CITES. L’Australie dispose d’une legislation nationale stricte qui interdit l’exportation d’espèces sauvages indigènes à des fins commerciales. Or, ces espèces continuent d’être vendues sur des plateformes en ligne et dans des foires d’animaux de compagnie, sans que des permis d’exportation aient été delivrés, ce qui montre une fois de plus que les trafiquants d’espèces sauvages sont prêts à tout pour se procurer les espèces rares qu’ils convoitent.
Enfin, IFAW soutient l’inscription à l’Annexe II des paresseux de Hoffmann et des paresseux à deux doigts, qui sont des espèces de plus en plus exportées pour servir d’animaux de compagnie ou pour des attractions touristiques. Un encadrement du commerce international de ces espèces est urgemment nécessaire pour tenter de limiter l’augmentation du nombre de paresseux commercialisés et tâcher d’en enrayer le commerce illicite afin d’éviter le déclin de leurs populations.

Ivoire d’éléphants et cornes de rhinocéros
IFAW exhortera une fois de plus les gouvernements à rejeter les propositions visant à autoriser les pays à disposer de stocks nationaux d’ivoire d’éléphant et de cornes de rhinocéros à vendre.
En effet, tout commerce légal fournit aux criminels l’opportunité de blanchir des défenses d’éléphants et des cornes de rhinocéros obtenues par le braconnage, mettant en péril les populations de rhinocéros et d’éléphants. C’est exactement ce qui est arrivé la dernière fois que les gouvernements réunis à la CITES ont autorisé la vente de stocks d’ivoire, en 2008. Cette décision a ouvert la voie à un braconnage intensif des éléphants d’Afrique, qui a duré toute une décennie et commence à peine à se résorber. Il s’agit d’une erreur que les gouvernements doivent se garder de reproduire, étant donné le risque majeur qu’elle représente pour cette espèce déjà vulnérable.

Girafes
La girafe a été inscrite à l’Annexe II de la CITES en 2019 à la suite d’une chute drastique de ses populations, certains scientifiques allant jusqu’à parler d’« extinction silencieuse ». Bien que cette inscription à l’Annexe II soit encore très récente, certains pays d’Afrique australe cherchent déjà à faire retirer cette protection à leurs propositions de girafes lors de la CoP20. IFAW exhortera les gouvernements à rejeter la proposition en question.
L’inscription des girafes à l’Annexe II est une mesure importante, car il a jusqu’à présent été impossible de déterminer l’étendue du commerce international de produits issus des girafes et la contribution de ce commerce au déclin des populations de girafes. Le commerce en question est essentiellement poussé par la demande d’os, de sculptures en os et de peaux de girafes.
Tout en reconnaissant et en saluant les efforts des pays d’Afrique australe pour protéger toutes leurs populations de girafes, IFAW craint qu’une révision de la précédente décision et l’opération d’une distinction entre différentes populations de girafes ne compliquent l’encadrement du commerce de cette espèce.
L’adoption de protections renforcées est essentielle pour veiller à ce que toutes ces différentes espèces ne deviennent pas encore plus menacées qu’elles ne le sont déjà. Ces mesures de protection permettent également de lutter contre le commerce illicite d’espèces sauvages, qui représente l’une des activités criminelles les plus répandues et les plus lucratives dans le monde.
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