Face à la pire sécheresse qu’ait connu le Kenya en 40 ans, les communautés font preuve de résilience
Face à la pire sécheresse qu’ait connu le Kenya en 40 ans, les communautés font preuve de résilience
8 février 2023
Fin novembre 2022, après quatre saisons consécutives sans pluie, une première averse s’est enfin abattue sur la région d’Amboseli. La communauté, qui attendait depuis si longtemps le retour de précipitations régulières, a accueilli cet événement avec une immense joie. Mais celle-ci fut de courte durée : malgré les brèves averses intermittentes, la terre est demeurée stérile.
« Les courtes pluies n’ont pas été assez abondantes et durables pour permettre à de nouvelles semences de germer. Impitoyablement stérile, la terre n’a pas retrouvé le couvert végétal dont les animaux ont besoin pour survivre », explique Evan Mkala, responsable de projet d’IFAW à Amboseli.
Cette sécheresse, la plus meurtrière qu’ait connue le pays en quarante ans, est en partie due aux incidences néfastes du changement climatique.
la sécheresse la plus meurtrière des 40 dernières années
Par rapport à de précédentes sécheresses, le nombre d’animaux tués cette fois-ci est extrêmement élevé.
D’après les données compilées par le Kenya Wildlife Service (KWS) ainsi qu’IFAW et d’autres partenaires, l’écosystème d’Amboseli a perdu 6 093 animaux de 20 espèces différentes, dont 127 éléphants de savane, 93 girafes massaï, 3 872 gnous, 1 395 zèbres, 131 gazelles de Thomson, 174 gazelles de Grant, 106 impalas et 52 buffles. Il s’agit du nombre de décès le plus élevé jamais enregistré à Amboseli en raison d’une sécheresse.
S’agissant des animaux d’élevage, le bilan est encore plus lourd, les décès se comptant en dizaines de milliers. Ces pertes ont eu un impact significatif sur les moyens de subsistance des communautés.
un appel à renforcer la résilience
Le projet Donnons de l’espace d’IFAW est une initiative pionnière qui vise à atténuer les effets de la sécheresse sur les animaux et les communautés humaines, en restaurant la connectivité des habitats et en renforçant la résilience économique des communautés locales qui dépendent de la faune sauvage.
La fragmentation des habitats a un impact dévastateur sur les animaux qui parcourent la savane. Cette fragmentation est aujourd’hui exacerbée par la sécheresse, qui oblige les animaux sauvages à parcourir de plus longues distances pour trouver la nourriture, l’eau et la sécurité dont ils ont besoin. Le projet Donnons de l’espace vise à créer des passages sûrs pour que les animaux puissent circuler librement, par-delà les frontières, à l’écart des humains.
Afin d’encourager les communautés à s’impliquer dans la conservation des habitats, IFAW soutient l’alphabétisation, la gestion financière, les politiques d’utilisation des terres et le renforcement des capacités au niveau local. L’objectif de ces mesures est d’améliorer les moyens de subsistance des peuples autochtones, qui sont les véritables gardiens de la faune et de la flore sauvages.
Citons, à titre d’exemple, le projet Jenga Mama, conçu pour accroître la résilience des communautés d’Amboseli et les aider à s’adapter aux impacts croissants du changement climatique, en dotant les femmes de nouvelles compétences qui leur permettent de se tourner vers d’autres moyens de subsistance que l’élevage de bétail.
Financé par la fondation Margarete-Breuer Stiftung (MBS), le projet Jenga Mama soutient actuellement 60 femmes d’Amboseli, par une formation professionnelle qui leur donne les moyens de générer de nouveaux revenus durables pour subvenir aux besoins de leurs familles.
Daisy Ochiel, assistante chargée de l'engagement des femmes chez IFAW, explique que les étudiantes parrainées par le projet Jenga Mama et d’autres projets d’IFAW ont ainsi la possibilité de poursuivre gratuitement leurs études, alors que de nombreuses filles et femmes massaï doivent abandonner l'école pour s’occuper du bétail.
« Dès le départ, nous avons fait un gros travail de sensibilisation pour éduquer les habitants de la communauté à l'importance de diversifier leurs revenus afin de moins dépendre du bétail pour leur subsistance. La communauté a compris que l'éducation et la formation des filles et des femmes pouvait ouvrir la voie à de nouvelles sources de revenus », ajoute Mme Ochiel.
travailler main dans la main pour cohabiter harmonieusement
D’après Maurice Nyaligu, responsable régional des programmes d'IFAW en l'Afrique de l'Est, la récente sécheresse a fait ressortir l'importance de collaborer avec d'autres partenaires de la conservation, ONG homologues et parties prenantes, non seulement à Amboseli, mais aussi dans l'ensemble de la région : « Je suis heureux de constater qu'en dépit de la sécheresse et de son impact débilitant sur les moyens de subsistance, les communautés conservent une vision positive de la conservation de la faune et de la flore dans ces habitats emblématiques. En cette période difficile, il est impératif qu'IFAW apporte un soutien adapté en matière de conservation. »
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