Défis
Les espèces sauvages d’Afrique confrontées à de multiples menaces
La faune africaine fait face à des menaces complexes et interconnectées qui requièrent la mise en place de solutions innovantes et durables. Si la destruction et la fragmentation des habitats, le changement climatique et le braconnage se poursuivent aux rythmes actuels, les éléphants d’Afrique et de nombreuses autres espèces risquent de s’éteindre.
Fragmentation des habitats
La fragmentation des habitats a un impact dévastateur sur les animaux, tels que les éléphants, qui ont besoin de vastes espaces. Le développement effréné de nouveaux villages, d’exploitations agricoles, de routes et d’activités industrielles, telles que l’exploitation minière, empiète sur les habitats sauvages et entrave les corridors migratoires.
Lorsqu'elles sont implantées stratégiquement, les clôtures peuvent contribuer positivement à la protection des populations et de la faune sauvage. Cependant, elles peuvent aussi présenter des risques pour les éléphants, qui s’y retrouvent parfois empêtrés, blessés, ou contraints de parcourir de plus longues distances pour accéder à de l’eau et de la nourriture. Les clôtures métalliques fournissent également aux braconniers le matériel nécessaire pour piéger illégalement la faune. Ce comportement est toutefois moins fréquent lorsque les initiatives de conservation et les communautés partagent des objectifs communs.
Les terres où les éléphants s’alimentaient autrefois sont désormais utilisées à des fins agricoles et l’accès aux ressources en eau se révèle de plus en plus restreint, sollicité par les villageois et les agriculteurs qui en ont besoin pour leur bétail et leurs cultures.
La fragmentation des habitats survient aussi lorsque des communautés isolées sont confinées sur de petites parcelles de terre, sans possibilité d’expansion, en raison de l’appropriation des terres à des fins économiques par des entreprises et des individus fortunés. Les familles aux revenus modestes ont souvent peu d’options en matière d’accès à la propriété foncière, se retrouvant en situation de précarité en raison du changement climatique et d’autres facteurs.
La pauvreté et l'absence d’investissements suffisants dans des moyens de subsistance alternatifs aggravent le problème, limitant les options des foyers modestes qui cherchent à générer des revenus supplémentaires. Par ailleurs, l’épuisement des terres dû à de mauvaises pratiques agricoles pousse les agriculteurs à exploiter de nouvelles parcelles alors qu'une amélioration des techniques de gestion agricole serait en réalité nécessaire.
Conflits avec l’homme et braconnage
Les conflits entre les animaux sauvages et les humains représentent un risque permanent lorsqu’ils partagent les mêmes territoires. Les formes les plus courantes de conflit sont les pertes de récoltes (lorsque la faune consomme ou détruit les cultures), les destructions de biens, ou encore les interactions rapprochées qui peuvent provoquer des réactions défensives, voire entrainer des blessures ou la mort tant chez les animaux que chez les êtres humains. De tels incidents génèrent du ressentiment envers les animaux sauvages, perçus comme des menaces, et aboutissent souvent à leur abattage.
Les animaux sauvages, tels que les éléphants, sont continuellement soumis à la menace du braconnage. Cependant, les braconniers n’agissent pas seuls. Ils sont financés par des réseaux criminels dont l’existence est entretenue par la demande mondiale en ivoire et en autres produits dérivés des animaux. Les éléphants sont massacrés pour leurs défenses, y compris les femelles qui laissent souvent derrière elles des petits, incapables de survivre seuls. Chaque éléphant tué rapproche un peu plus l’espèce de l’extinction.
Changement climatique
Avec la hausse des températures à l’échelle mondiale, les schémas de précipitations fluctuent et les conditions météorologiques changent, affectant de nombreuses espèces sauvages qui peinent à s'adapter. Certaines d'entre elles sont menacées d'extinction, notamment celles déjà soumises à des pressions liées à la perte et la fragmentation de leurs habitats, de la chasse et d'autres activités humaines.
L'insécurité alimentaire et le manque d’eau qui résultent du changement climatique contraignent les animaux sauvages à explorer de nouveaux territoires à la recherche de ces ressources vitales, les exposent à des interactions plus fréquentes avec les êtres humains, augmentant le risque de conflit. Les événements météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents. Occupant régulièrement l’actualité, les catastrophes telles que les sécheresses, les vagues de chaleur, les tempêtes, les inondations et les incendies affectent sévèrement les écosystèmes et la faune qu'ils abritent.
Déficit de financement des activités de conservation
L'énorme déficit de financement des initiatives de conservation constitue un obstacle majeur à la protection de la biodiversité et de la nature. Les écosystèmes jouent un rôle essentiel dans le stockage du carbone, le filtrage de l'eau, la fertilisation des sols, la pollinisation et la prévention des catastrophes. Selon le Forum économique mondial, la nature représente également le moteur d’au moins la moitié de l’économie mondiale, soit près de 44 000 milliards de dollars américains, ou plus de 42 milliards d’euros.
Les intervenants à la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique de 2021 (COP26) ont d’ailleurs reconnu que les investissements en faveur de la préservation de la nature devaient désormais être considérés comme l’outil le plus efficace dont nous disposions pour faire face à la crise climatique. Cependant, on estime le déficit en matière de financement de la conservation de la nature à 700 milliards de dollars (soit plus de 670 milliards d’euros). Un manque que les financements gouvernementaux et philanthropiques actuels, totalisant bien moins de 100 milliards de dollars par an, soit 96 milliards d’euros, ne sont pas en mesure de combler.