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La protection de la faune et des habitats est garantie par des accords internationauxLes dirigeants mondiaux s'unissent pour lutter contre le commerce des NAC
Les dirigeants mondiaux s'unissent pour lutter contre le commerce des NAC

Les espèces sauvages ciblées par le commerce des nouveaux animaux de compagnie bénéficient désormais d’une protection internationale, obtenue lors de la conférence des Nations unies dédiée à la faune et à la flore. Les dirigeants du monde entier réunis à cette occasion ont fait preuve de détermination pour resserrer l’étau sur ce commerce non durable.
Sur les 51 propositions reçues par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), soumises par les États membres, 12 concernent des animaux sauvages vendus comme animaux de compagnie. Cela couvre plus de 80 espèces — notamment des reptiles, des primates, des oiseaux chanteurs et des paresseux.
Historiquement, les discussions se concentraient principalement sur les animaux commercialisés pour leurs parties (comme l’ivoire ou les cornes). Cette conférence confirme une tendance inquiétante : la demande croissante d’animaux sauvages pour en faire des animaux de compagnie, qui met en péril la survie des populations à l’état sauvage.
Les gagnants et les perdants de la 20ᵉ Conférence des Parties (CoP20)
Gagnants :
- Deux espèces de paresseux — le paresseux à deux doigts (Choloepus didactylus) et le paresseux d’Hoffmann (Choloepus hoffmanni) — sont intégrées à l’Annexe II.
- Le singe à ventre doré (Cercocebus chrysogaster) passe de l’Annexe II à l’Annexe I.
- Le faucon pèlerin reste à l’Annexe I, malgré une proposition pour l’en retirer.
- Passereaux : le sporophile de Maximilien passe de l’Annexe II à l’Annexe I, et les autres sporophiles entrent à l’Annexe II.
- L’espèce Caribicus warren (reptile) passe de l’Annexe II à l’Annexe I.
- Le gecko à queue en feuille du mont Elliot (Phyllurus Amnicola) et le gecko Phyllurus caudiannulatus sont inscrits à l’Annexe II.
- Deux serpents endémiques d’Ethiopie, Bitis parviocula et Bitis harenna, sont inscrites à l’Annexe I.
- La tortue Kinixys de Home (Kinixys homeana) passe de l’Annexe II à l’Annexe I.
- L’iguane marin des Galápagos passe de l’Annexe II à l’Annexe I.
- L’iguane terrestre des Galápagos passe également de l’Annexe II à l’Annexe I.
Perdants :
- Tarantules — plusieurs espèces originaires d’Amérique du Sud ont vu leurs propositions d’inscription à l’Annexe II rejetées.
En résumé :
10 propositions visant à renforcer les protections ont été adoptées, une a été rejetée, et la seule proposition visant à affaiblir les protections a également été rejetée.
Les propositions interviennent dans un contexte de préoccupation croissante concernant la durabilité du commerce international — légal comme illégal — visant des espèces rares et endémiques, et ses impacts sur la biodiversité. Les spécialistes du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) collaborent avec les gouvernements pour fournir des conseils sur les préoccupations actuelles et les solutions envisageables.
« Le commerce international de la faune a évolué ces dernières années — passant d’animaux recherchés morts à des animaux recherchés vivants », explique Matt Collis, directeur des politiques chez IFAW.
« L’augmentation de la demande d’animaux sauvages comme animaux de compagnie entraîne leur déclin dans la nature. Mais ces nouvelles protections permettront de réduire les possibilités pour les trafiquants de profiter de failles juridiques. Dès qu’une espèce devient un animal de compagnie “exotique” populaire ou viral, sa survie est menacée. Ce phénomène est souvent alimenté par les réseaux sociaux. »
Il ajoute : « Les criminels organisés volent la faune et l’expédient à des acheteurs capables de les acquérir en un simple clic. Cela alimente une trajectoire dangereuse vers l’extinction. Parmi les animaux capturés, beaucoup meurent avant d’atteindre leur destination finale et, s’ils survivent, endurent une vie de souffrance en captivité. »
Les failles juridiques représentent également une menace pour les espèces sauvages, comme en témoigne le nombre croissant d’espèces endémiques ou protégées au niveau national retrouvées hors de leurs pays d’origine.
Par exemple, les iguanes des Galápagos (Équateur), pourtant protégés nationalement et dont l’exportation commerciale est interdite, gagnent en popularité comme animaux de compagnie. Ils apparaissent sur les marchés d’animaux dans le monde entier, notamment en Europe, où les lois n’interdisent pas leur vente, même s’ils ont été prélevés illégalement dans la nature.
Les iguanes sauvages des Galápagos sont introduits dans le commerce international en étant déclarés comme élevés en captivité. Leur descendance reçoit ensuite à tort des permis CITES — car la vérification de leur origine n’est pas correctement appliquée. Cela montre comment le système de permis CITES peut être contourné pour blanchir des espèces trafiquées ainsi que leur progéniture, dans un commerce soi-disant légal.
« Les commerçants d’animaux sauvages exploitent souvent les amoureux des animaux — bien intentionnés — tout en causant des dommages irréparables aux populations sauvages », souligne Matt Collis.
« Traiter la nature comme une animalerie géante n’est pas durable. Accueillir un animal sauvage chez soi peut sembler anodin, mais cela reste une forme d’exploitation préjudiciable pour les populations sauvages et la biodiversité. Cette tendance inquiétante doit être combattue de toute urgence pour donner à ces animaux une chance réelle de survie. »
La CoP20 de la CITES s’est ouverte le 24 novembre à Samarcande, en Ouzbékistan, et se poursuivra jusqu’au 5 décembre. Toutes les décisions prises durant la Conférence doivent être approuvées lors de la séance plénière finale et entreront en vigueur 90 jours après la clôture de la Conférence.
Notes aux rédacteurs
Ressources complémentaires à destination des rédacteurs (liens anglais) :
- Rapport Stolen Wildlife V
- La demande d’animaux sauvages de compagnie alimente l’augmentation de la criminalité liée à la faune en Amérique hispanique.
- Des lacunes dans la législation européenne encouragent un commerce incontrôlé de la faune d’Amérique latine.
Une courte enquête a été réalisée sur les espèces couramment commercialisées comme animaux de compagnie et proposées pour inscription à la CITES, sur une période de deux semaines du 11 au 24 octobre 2025, par Alexandre Pinna (The Ouranos Project), pour le compte d’IFAW.
De nombreuses espèces ont été détectées — dont le gecko à queue en feuille du mont Elliot, le paresseux à deux doigts et le Caribicus warreni (Haitian Giant Galliwasp), — alors qu’elles ne sont pas natives des régions où elles étaient vendues (Europe, États-Unis). Certaines annonces semblaient même utiliser leur futur changement de statut comme argument commercial, telles que les geckos australiens à queue en feuille annoncés comme « Incroyable opportunité pré-CITES ».
Des sites vendant plusieurs espèces — y compris des paresseux — ont été documentés, et des annonces plus anciennes mentionnaient que les animaux étaient capturés dans la nature. Les références peuvent être fournies sur demande.
IFAW mène depuis plus de vingt ans des recherches sur le commerce de la faune en ligne, avec un accent particulier sur les espèces inscrites à la CITES.
À l’origine, le commerce de produits dérivés (comme l’ivoire d’éléphant) était la principale préoccupation, mais le commerce d’animaux vivants — particulièrement d’oiseaux et de reptiles — est aujourd’hui en hausse.
La demande européenne pour les espèces rares ou endémiques constitue une menace majeure pour des espèces déjà vulnérables.
Par exemple, le commerce illégal des grenouilles arlequins (Oophaga histrionica) et des grenouilles de Lehmann (Oophaga lehmanni), toutes deux endémiques de Colombie, vers l’Europe a contribué à leur statut d’espèces en danger critique selon l’UICN.
Lors de cette CITES, en plus des propositions d’inscription, des recommandations sont également envisagées pour aider les gouvernements à vérifier la « chaîne de possession ».
Cela inclut une proposition visant à retracer les animaux jusqu’à leur capture dans la nature.
Une autre proposition, visant les espèces endémiques, inviterait les gouvernements émettant des permis à vérifier auprès du pays d’origine si le commerce est légitime.
Définition des Annexes :
- Annexe I : Espèces menacées d’extinction. Commerce autorisé uniquement dans des cas exceptionnels.
- Annexe II : Espèces non nécessairement menacées d’extinction, mais dont le commerce doit être contrôlé pour éviter une exploitation incompatible avec leur survie.
- Annexe III : Espèces protégées dans au moins un pays, qui demande une aide internationale pour contrôler le commerce. Les changements à l’Annexe III suivent une procédure distincte, chaque Partie pouvant la modifier unilatéralement.
Contacts presse anglophones sur place :
Dominica Mack, dmack@ifaw.org / +61 460 432 901
Kirsty Warren, kwarren@ifaw.org / +44 (0) 7809269747
Contacts presse IFAW France
Camille Vicet, 06 26 38 38 78, cvicet@ifaw.org
Anne Perthuis, Service de presse, 06 14 02 74 26, azinck95@gmail.com
IFAW (Le Fonds international pour la protection des animaux)
IFAW est une organisation à but non lucratif qui œuvre en faveur d’une cohabitation harmonieuse entre les animaux et les hommes. Travaillant avec des experts et des citoyens dans plus de 40 pays, nous sauvons, soignons et relâchons des animaux, tout en restaurant et en protégeant leurs habitats naturels. Les problèmes qui nous occupent sont urgents et complexes. Pour les résoudre, nous adoptons un regard neuf et menons des mesures audacieuses. En partenariat avec des communautés locales, des gouvernements, des organisations non gouvernementales et des entreprises, nous utilisons des méthodes innovantes afin de permettre à toutes les espèces de prospérer. Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.ifaw.org/fr.
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