Grace Ge Gabriel
« Pour assurer la survie des animaux et des humains sur cette planète, nous devons impérativement changer de comportement. »
la gestion d’une clinique pour animaux sauvages pendant la crise du COVID-19
Le soir du 24 janvier, dans le groupe de discussion sur les réseaux sociaux, le personnel du bureau d’IFAW Chine s’envoyait des enveloppes rouges pour célébrer le Nouvel An chinois.
« Il est conseillé aux habitants de Pékin de rester à l’intérieur. » Cette note qui donne à réfléchir a rappelé à tout le monde que Wuhan était en confinement. Tout le pays se préparait à l’épidémie de coronavirus.
« Comment sommes-nous niveau approvisionnement au BRRC ? » a demandé Jeff He, le directeur d’IFAW Chine, qui prévoit déjà un plan de gestion de crise pour le Centre de sauvetage des rapaces de Pékin. « Il nous faut suffisamment de nourriture, de médicaments et de provisions pour les trois prochains mois. »
Le BRRC est la seule clinique de Pékin spécialisée dans la réhabilitation des oiseaux de proie. À ce jour, 26 rapaces y sont soignés. Quatre d’entre eux étaient complètement remis de leurs blessures et étaient prêts à retrouver la liberté.
Tout comme un hôpital pour les gens, le fait de garder le BRRC ouvert sauve des vies. Comme les médecins, les soigneuses d’IFAW doivent s’occuper de leurs patients, surtout en cas d’urgence. Pour réduire le risque de transmission du virus et protéger la sécurité du personnel, les 4 soigneuses sont réparties en deux équipes de 2 personnes. Chaque équipe travaille par roulement avec 7 jours de travail puis 7 jours de repos, afin de ne pas se croiser. Une des soigneuses a récemment eu un enfant. Pour sa sécurité, les quatre autres membres de l’équipe se sont portées volontaires pour lui confier uniquement l’astreinte.
Tout d’un coup, les routines quotidiennes sont devenues des défis.
Les fournisseurs qui livraient auparavant au BRRC des aliments pour les rapaces, des souris mortes ou des cailles, sont fermés. Pour assurer une alimentation équilibrée aux rapaces sous notre responsabilité, les soigneuses ont dû acheter du poulet et du bœuf pour mélanger avec la nourriture habituelle des oiseaux.
Cette épidémie du nouveau coronavirus provient d’un marché où des animaux sauvages étaient vendus illégalement, ce qui a rendu les gens méfiants à l’égard de la faune sauvage. Ces oiseaux sont-ils également porteurs du virus ?
Avant même cette crise, le personnel suivait les bonnes pratiques reconnues au niveau international pour éviter la transmission potentielle de maladies. Tous les nouveaux oiseaux arrivant au centre sont mis en quarantaine. Tous les oiseaux pris en charge ont été testés pour le H1N1 et la grippe B par un laboratoire national. Nous savons que les risques de transmission des maladies aviaires et humaines sont bien gérés au sein du centre. Pour dissiper les craintes irrationnelles du public, le BRRC a cessé d’accueillir de nouveaux patients et a fermé ses portes au public. Sur le mur extérieur du centre, nous avons collé une affiche décrivant le protocole de sécurité du BRRC en matière de prévention des épidémies afin de rassurer le public.
Le BRRC est situé sur le campus de l’Université normale de Pékin (BNU), au cœur de la ville. Entouré de bâtiments qui abritent des salles de classe, des dortoirs d’étudiants et des résidences de professeurs, le BRRC occupe depuis 18 ans un coin tranquille, mis à disposition gratuitement.
Le 10 février, une autre crise a éclaté. Lorsque deux soigneuses sont arrivées au travail, elles ont été stoppées à l’entrée de l’université. Deux cas de COVID-19 avaient été détectés la veille sur le campus !
Heureusement, une lettre du directeur du BRRC, le professeur Wenhong Deng de la Faculté des sciences de la vie, a dissipé la peur des gardes de l’université. Ils ont permis aux « médecins des oiseaux » de s’occuper de leurs patients à la clinique. Cette autorisation est arrivée à point nommé, nous évitant ainsi de devoir mettre en place un plan d’urgence pour déplacer les oiseaux hors de Pékin.
Dix semaines plus tard, Pékin fait toujours face à des risques élevés. Grâce au dévouement de cette équipe entièrement féminine d’experts de la vie sauvage, Lei Zhou, Chang Dai, Zhisai Li et Xinyue Lu, IFAW continue de sauver la vie des animaux et des personnes, même pendant une épidémie.
Grace Ge Gabriel, Directrice régionale, Asie
Grace Ge Gabriel
« Pour assurer la survie des animaux et des humains sur cette planète, nous devons impérativement changer de comportement. »
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