Une victoire éclatante pour les requins : des protections commerciales internationales accordées

Plus de 70 espèces de requins et de raies bénéficient désormais d’une protection renforcée, une décision saluée comme un tournant majeur pour la conservation marine par le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW).

Les requins-baleines, ainsi que toutes les raies manta et mobulidés, ont été reclassés au sein de l'Annexe I lors d'une conférence des Nations Unies organisée par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Cette inscription représente le niveau de protection le plus élevé, interdisant tout commerce international à des fins commerciales de ces espèces et de leurs produits.

La vague de mesures de protection annoncées aujourd’hui fait suite à la décision prise hier, qui a également accordé le niveau de protection maximal au requin océanique, une espèce en danger critique d'extinction.

Les raies manta et mobula (Mobulidae spp.) subissent des pressions considérables – les neuf espèces connues sont menacées d’extinction, selon la dernière mise à jour de la Liste rouge de l’UICN en octobre 2025. Bien que les raies manta aient été inscrites pour la première fois à l'Annexe II en 2013 et que le reste de la famille ait suivi en 2016, les populations ont continué de décliner, jusqu'à 92 % dans certaines régions. Le commerce des branchies de mobulidés n'a pas été réglementé de manière efficace ni maintenu dans des limites durables, et des niveaux significatifs de commerce non déclaré et illégal persistent.

Les nageoires des requins baleines, le plus grand poisson du monde, continuent d’être commercialisées à l’international. Leur inscription à l'Annexe I mettra fin à leur commerce et constituera une protection essentielle contre tout nouveau déclin.

En outre, plusieurs espèces de raies-guitares (Glaucostegus spp.) et raies wedgefish, dont beaucoup sont en danger critique d'extinction, se sont vues imposer un quota annuel d'exportation nul, entraînant un quasi-arrêt du commerce international légal.

Les requins hâ (Galeorhinus galeus) et les émissoles (genre Mustelus), couramment présents dans le commerce mondial de viande et de petits ailerons et connus pour être vendus sous le terme générique « flake » - une option populaire pour le fish and chips dans certaines régions du monde – bénéficient également pour la première fois de protections par la CITES. Ces espèces ont été inscrites à l’Annexe II, ce qui signifie que leur commerce ne peut avoir lieu que s’il est démontré qu’il est durable.

Les requins d’eaux profondes (Centrophoridae spp.), une espèce chassée pour son huile de foie, très demandée par l'industrie cosmétique, ont également été inscrits à l’Annexe II. Les trois quarts des espèces de ces requins sont menacées d'extinction en raison de la demande humaine. Il existe très peu de réglementations concernant la capture des requins des grands fonds dans le monde et, par conséquent, dans certaines régions, leurs populations ont chuté de 80 %. 

Les requins d’eaux profondes ont une croissance lente, atteignent leur maturité tardivement et ont très peu de petits. Une fois épuisées, leurs populations se rétablissent également très lentement. 

Ces décisions ont été adoptées aujourd'hui lors de la 20e Conférence des Parties (CoP20) à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). 

IFAW a salué ces résultats, soulignant que ces inscriptions reflètent des preuves scientifiques solides et une préoccupation internationale largement partagée.

« Depuis trop longtemps, les requins qui parcourent nos océans depuis des millions d’années sont massacrés pour leurs ailerons et leur chair », a déclaré Barbara Slee, chargée de programme Politiques internationales chez IFAW. « Les gens ont peur des requins, mais en réalité, nous représentons une menace bien plus grande pour eux, avec plus de 100 millions de requins tués chaque année. Ces nouvelles mesures de protection contribueront à rétablir cet équilibre et à reconnaître et honorer ces requins comme étant bien plus que de simples produits de la pêche. »

Madame Slee a ajouté : « Partout dans le monde, les requins et les raies disparaissent rapidement. Leur disparition entraînerait l’effondrement des écosystèmes qui maintiennent la santé de nos océans. Cette décision marque une étape cruciale vers l'inversion de ce déclin et la prévention d'extinctions qui semblaient autrefois inévitables. »

La CoP20 de la CITES s'est ouverte à Samarcande, en Ouzbékistan, le 24 novembre et se poursuivra jusqu'au 5 décembre. Toutes les décisions prises au cours de la conférence doivent être entérinées lors de la session plénière finale à la clôture de l’évènement et entreront en vigueur 90 jours après la fin de la conférence.

Notes à l’attention des rédacteurs

Les propositions visant à renforcer la protection des requins ont été soumises par une large coalition de gouvernements, le Panama menant les efforts visant à inscrire le requin océanique à l'Annexe I, les Maldives menant ceux visant à inscrire le requin baleine, et l'Équateur menant ceux visant à inscrire la raie manta et mobulidés.

Les requins océaniques ont obtenu la majorité des deux tiers requise, avec 83 % de votes favorables. Les propositions d'inscription à l'Annexe I des raies manta et mobulidés ainsi que des requins baleines ont été adoptées à l'unanimité.

Les propositions d'inscription à l'Annexe II des requins-hâ et émissoles, menées par le Brésil et l'UE, ont également été acceptées à l'unanimité. Les requins-hâ, proposés par le Royaume-Uni et l'UE, ont obtenu la majorité des deux tiers requise, avec 86 % de votes favorables.

Les propositions de quota zéro pour les raies-guitares ont été menées par le Bénin, et celles pour les raies wedgefish par le Sénégal. Les deux ont obtenu la majorité des deux tiers requise, avec respectivement 82 % et 85 % de voix favorables.

Annexe I : Espèces menacées d'extinction. Le commerce n'est autorisé que dans des circonstances exceptionnelles.

Annexe II : Espèces qui ne sont pas nécessairement menacées d'extinction, mais dont le commerce doit être contrôlé afin d'éviter une exploitation incompatible avec leur survie.

Noms complets des espèces :

• Requin océanique (Carcharhinus longimanus)
• Requin-baleine (Rhincodon typus)
• Raies manta et mobulidés (Mobulidae spp.)
• Grandes guitares de mer (Glaucostegus spp.) et raies wedgefish (Rhinidae spp.)
• Requins hâ et émissoles (Galeorhinus galeus and Mustelus spp.)
• Requins d’eaux profondes (Centrophoridae spp.) esp

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À propos d’IFAW (Le Fonds international pour la protection des animaux)

IFAW est une organisation à but non lucratif qui œuvre en faveur d’une cohabitation harmonieuse entre les animaux et les hommes. Travaillant avec des experts et des citoyens dans plus de 40 pays, nous sauvons, soignons et relâchons des animaux, tout en restaurant et en protégeant leurs habitats naturels. Les problèmes qui nous occupent sont urgents et complexes. Pour les résoudre, nous adoptons un regard neuf et menons des mesures audacieuses. En partenariat avec des communautés locales, des gouvernements, des organisations non gouvernementales et des entreprises, nous utilisons des méthodes innovantes afin de permettre à toutes les espèces de prospérer. Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.ifaw.org/fr.