Aurore Morin
excréments de baleine et phytoplancton, le duo de choc pour lutter contre le changement climatique
excréments de baleine et phytoplancton, le duo de choc pour lutter contre le changement climatique
Nous produisons tous des excréments. Les vers, les vaches, les humains... C’est une réalité. Mais saviez-vous que certains excréments sont plus importants que d’autres ? De tous les excréments d’animaux sur terre, ce sont ceux de la baleine qui remportent la palme à chaque fois, et ce pour une raison très particulière. Peu importe l’endroit où vous vivez, que ce soit les vallées de l’Himalaya, la côte de Melbourne, ou les prairies de Normandie, plus de 50 % de l’air que vous respirez est produit par l’océan. Plus précisément, c’est grâce à de petits organismes marins appelés phytoplancton ainsi qu’aux merveilleux excréments de baleine.
Phytoplancton : les travailleurs cachés qui nourrissent nos océans
Vous avez déjà entendu dire que les mitochondries sont la centrale électrique des cellules ? Et bien, le phytoplancton est la centrale électrique de l’océan. Invisibles à l’œil humain, ces microscopiques algues marines sont à la base de la chaîne alimentaire. Et les excréments de baleine constituent l’une de leurs principales sources de nutriments !
Les baleines plongent dans les profondeurs de l’océan pour se nourrir, et remontent à la surface pour respirer et excréter des déchets chargés de nutriments. Lorsque les baleines migrent vers leurs zones d’alimentation et de reproduction, elles créent un « tapis roulant » baleinier, un système qui permet aux nutriments clés de circuler dans l’océan. Étant donné que certaines espèces de baleines pèsent plus de 68 tonnes, imaginez la quantité d’excréments dont dispose le phytoplancton pour se nourrir ! Le phytoplancton est consommé par le zooplancton et le krill, qui alimentent à leur tour les plus gros poissons, les requins et les mammifères marins. Au final, qui dit abondance d’excréments de baleine dit abondance de phytoplancton et diversité de la vie marine. C’est tout l’océan qui s’épanouit !
Ce n’est pas tout : ils luttent également contre le changement climatique.
Nous sommes désormais tous conscients des conséquences de l’augmentation du dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère. Avec la combustion de carburants fossiles pratiquement partout autour de nous, les émissions excessives de CO2 contribuent à la hausse des températures mondiales, ont des répercussions sur la santé humaine et modifient les écosystèmes. Nous en voyons déjà les conséquences sur l’océan. Le réchauffement des eaux et la hausse des niveaux d’acidité tuent les récifs coralliens, dissolvent les coquilles des crustacés et perturbent l’équilibre de la vie marine.
Par chance, le phytoplancton vient à la rescousse, une fois de plus ! Et ce, grâce à son rôle dans le cycle marin du carbone. Comme les plantes, le phytoplancton capte de grandes quantités de CO2 et le convertit en énergie cellulaire utilisable. Cela permet non seulement d’éliminer le carbone de l’atmosphère, mais aussi de produire l’oxygène dont les animaux ont besoin pour survivre. Lorsque le phytoplancton est mangé par d’autres animaux marins, le carbone continue de passer dans le réseau alimentaire. Si le phytoplancton meurt avant de devenir un repas, il coule au fond de l’océan, stockant et emprisonnant le carbone qu’il a absorbé. Grâce à ce processus connu sous le nom de « pompe biologique », des milliards de tonnes de carbone de l’atmosphère sont transférées chaque année au fond de l’océan, où son impact environnemental est réduit.
Merci les excréments de baleine !
Récapitulons ce que nous venons de découvrir. Les excréments de baleine nourrissent le phytoplancton, ces minuscules algues marines qui produisent plus de la moitié de l’oxygène de la planète. Le phytoplancton nourrit les petits poissons, qui grimpent dans la chaîne alimentaire jusqu’à nourrir de plus grands animaux comme les requins et les dauphins. Plus il y a d’animaux dans l’océan, plus il y a de biodiversité et plus l’écosystème fonctionne bien (c’est d’ailleurs à nous de le protéger activement). Si l’on ajoute à cela la capacité du phytoplancton à transférer et à stocker des quantités massives de carbone, l’océan devient notre meilleur allié dans la lutte contre le changement climatique. Les excréments de baleine à la rescousse !
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