Mettre fin à la chasse aux phoques — Canada
ifaw fut initialement fondé pour mettre fin à la chasse aux phoquesle changement climatique aggrave le sort des phoques visés par la saison de la chasse au Canada
le changement climatique aggrave le sort des phoques visés par la saison de la chasse au Canada
Tous les ans, des milliers de phoques du Groenland sont massacrés durant la saison de la chasse commerciale dont ils font l’objet au Canada. À cette pratique cruelle, inutile et source de gaspillage s’ajoute le changement climatique, qui rend la situation encore plus difficile pour ces doux mammifères marins.
« Les femelles et leurs petits ont besoin d’évoluer sur la glace. Or cette glace fait aujourd’hui défaut en de nombreux endroits, au moment où les femelles et leurs petits en ont besoin », explique Sheryl Fink, directrice de campagnes d’IFAW au Canada.
Les produits dérivés du phoque, que beaucoup considèrent depuis longtemps comme un gaspillage de vies animales, suscitent de moins en moins de demande à l’échelle mondiale, ce dont on ne peut que se réjouir. Pourtant, le gouvernement canadien continue de faire perdurer la chasse aux phoques, en accordant un soutien politique et des subventions financières à cette pratique archaïque. Il s’agit du plus vaste massacre de mammifères marins encore autorisé dans le monde.
réchauffement climatique et fonte des glaces
Aussi insoutenable que cela puisse paraître, les chasseurs abattent les phoques du Groenland à l’aide de gourdins, de fusils ou de hakapiks (des sortes de pioches), ciblant généralement des bébés sans défense, âgés de moins de trois mois.
Or, en raison du changement climatique, les petits phoques du Groenland (appelés blanchons) ont de moins en moins de chance de survivre jusqu’à cet âge. Les mères phoques mettent bas et allaitent leurs petits entre fin février et début mars sur des plateformes de glace stables, qui les protègent des prédateurs tout en leur permettant de chasser dans les eaux avoisinantes pour se nourrir.
« Les températures devraient être plus douces que la normale cette année au Canada atlantique et, à ce jour, la formation de glace est largement inférieure à la couverture de glace habituellement constatée à cette période de l’année », explique Sheryl Fink.
Dans la nature, chaque phénomène a une conséquence : l’évolution des conditions climatiques réduit l’épaisseur et la persistance de la banquise, ce qui peut modifier la quantité de poissons dont se nourrissent les phoques. Des études ont montré que cette modification de l’abondance de poissons peut entraîner une diminution des taux de reproduction des phoques femelles du Groenland.
Chez les phoques du Groenland, les femelles mettent bas dans des conditions très particulières. Contrairement aux autres espèces de phoques, elles ne peuvent donner naissance à leurs petits que sur une banquise suffisamment épaisse. Si l’épaisseur de glace est insuffisante, elles mettent bas dans l’eau et laissent leurs petits mourir.
Si les mères mettent bas sur la banquise mais que celle-ci ne tient pas suffisamment longtemps pour que les petits soient sevrés et aient appris à nager, les minuscules bébés phoques peuvent alors se retrouver écrasés ou projetés sur les côtes lorsque la fine couche de glace se brise.
Sheryl Fink relate que l’on aperçoit aujourd’hui des phoques du Groenland errant aux abords d’habitations et sur des parkings, après s’être échoués sur les côtes. Privés de leur habitat sur la glace, ces phoques se retrouvent égarés en milieu urbain, désorientés et ne sachant où aller.
Si les partisans de l'abattage des phoques y voient une preuve de la surpopulation des phoques du Groenland, cette situation tragique montre en réalité que l'espèce est acculée par la perte de son habitat naturel de banquise.
la valeur de la chasse aux phoques en déclin
D’après les chiffres officiels, 26 847 phoques du Groenland ont été tués l’année dernière, pour une valeur totale de 749 239 dollars canadiens, soit un prix moyen de 28 dollars par animal (environ 20 euros). Ces trois dernières années, le nombre de phoques abattus a été l’un des plus bas jamais enregistrés. À titre de comparaison, en 2006, lorsque le secteur était encore florissant, la valeur moyenne d’une peau de phoque avoisinait les 102 dollars (75 euros).
En 2023, il n’existe plus aucune raison valable de tuer des bébés phoques. « Malgré les centaines de millions de dollars gaspillés par les gouvernements canadiens successifs depuis 1996 pour tenter de relancer le secteur de la chasse au phoque, il existe aujourd'hui très peu de marchés pour les produits dérivés du phoque », affirme Sheryl Fink. « Nous devrions laisser ce secteur appartenir au passé et cesser de le soutenir avec l'argent des contribuables. L'affirmation selon laquelle les phoques du Groenland sont en surpopulation ou ont un impact négatif sur leur écosystème n'est nullement étayée scientifiquement, et il n'est pas nécessaire de réduire leur nombre, d'autant plus qu'ils sont menacés par les effets du changement climatique. »
Afin d’offrir de nouvelles sources de revenus aux communautés côtières pour qui la chasse aux phoques représente un moyen de subsistance traditionnel, divers nouveaux secteurs d’activité viables et bénéfiques pourraient être développés. Il s'agit notamment de l'énergie verte et de l’enlèvement des « engins de pêche fantômes » perdus dans l'océan, qui sont extrêmement dangereux pour les créatures marines comme pour les humains.
le gouvernement canadien agit contre la volonté du peuple
De nombreux progrès ont été atteints depuis 1983, année où l’Europe a interdit l'importation de produits dérivés de jeunes phoques du Groenland (aussi appelés blanchons) et de jeunes phoques à capuchon. En 2009, l'Union européenne a interdit la mise sur le marché européen de tous les produits dérivés du phoque, à l’exception de ceux chassés par les populations autochtones.
IFAW ne s’oppose pas à la chasse aux phoques destinée à des fins de subsistance, qui permet aux habitants des régions côtières de chasser pour leur propre consommation, rappelle Sheryl Fink. En revanche, l'abattage à grande échelle de milliers d'animaux est indéfendable.
« Les peuples autochtones du Canada ont un droit protégé par la Constitution de chasser les mammifères marins, y compris les phoques », a réaffirmé le gouvernement du Canada dans un communiqué publié en novembre 2022. « Notre gouvernement s'est engagé à travailler avec ses partenaires autochtones et l'industrie pour maintenir les marchés existants pour les produits canadiens du phoque, et appuyer l'innovation dans le développement de nouveaux produits et marchés au pays et dans le monde », avait déclaré Joyce Murray, alors ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne.
L'allégation courante selon laquelle les phoques auraient un impact négatif sur la pêche commerciale n’est étayée par aucune preuve scientifique. S'il est facile de désigner les phoques comme responsables de l'épuisement des stocks de poissons, les biologistes du ministère des Pêches et des Océans affirment que la prédation par les phoques ne semble en réalité pas avoir d’influence significative sur les stocks halieutiques.
Le 12 mars 2023, le média canadien CBC rapportait qu’une commission parlementaire était réunie pour examiner l'impact des troupeaux de phoques sur la pêche commerciale. « Au cours de l'audience, des représentants de Pêches et Océans Canada ont reconnu que les phoques ingèrent de grandes quantités de poissons, tout en ajoutant que des travaux étaient en cours pour tenter de mieux comprendre l’impact des phoques sur les espèces de poissons », indique la dépêche publiée sur le site CBC News.
L’article de CBC News précise que les mesures consistant à blesser ou à abattre des phoques pourraient avoir de graves conséquences sur les exportations canadiennes de produits de la mer. « Pour des raisons d'acceptation du marché, certains importateurs et acheteurs nationaux ne souhaitent pas être liés à des entreprises ou à des pays impliqués dans la chasse aux phoques. Le gouvernement [canadien] doit donc faire preuve d'une extrême prudence », a ainsi déclaré Paul Lansbergen, président du Conseil canadien des pêches.
« Augmenter les quotas d'abattage des phoques aurait des effets désastreux pour l'industrie de la pêche au Canada, car une telle mesure pourrait constituer une violation de la loi américaine sur la protection des mammifères marins et compromettre dès lors l'accès du Canada à son principal marché d'exportation des produits de la mer », explique Sheryl Fink. « Un abattage accru pourrait également avoir des conséquences écologiques néfastes imprévues sur d'autres espèces marines et sur les pêcheries. Le Canada ne peut tout simplement pas se permettre de prendre un tel risque. »
Sheryl Fink rappelle qu’IFAW a joué un rôle crucial dans la lutte contre la chasse au phoque, dont l’ampleur a baissé de 95 % depuis 2009. « Nous continuons de nous battre pour les phoques », martèle-t-elle.
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