une nouvelle mesure pour limiter les captures accidentelles de dauphins dans le Golfe de Gascogne

En janvier dernier, nous vous avons partagé nos recommandations pour tenter d’atténuer une nouvelle saison potentiellement meurtrière pour les dauphins communs courant le risque d’être pris dans des filets de pêche dans le Golfe de Gascogne.

En effet, plus de 10 000 de ces cétacés protégés sont morts au cours de l’hiver 2019 en raison des activités de pêche dans cette zone. L’année 2020 risque de battre ce sinistre record et ce malgré une réduction de la pêche due au confinement car un millier de petits cétacés, dont environ 80% de dauphins communs, ont déjà été retrouvés sur les plages de la côte Atlantique (chiffres de l’Observatoire Pelagis).

La France sommée d’agir par la Commission européenne

Face à la persistance de cette problématique, la Commission européenne a ouvert en juillet dernier une procédure d’infraction contre la France, ainsi que la Suède et l’Espagne, pour n'avoir pas pris suffisamment de mesures pour empêcher les prises accidentelles de dauphins par les navires de pêche. 

En réaction, la ministre de la Mer Annick Girardin a présenté en octobre 2020 un plan « fondé sur l’amélioration des connaissances du phénomène » qui prévoit d’imposer des pingers (dispositifs acoustiques destinés à éloigner les cétacés) à tous les chalutiers concernés. Ce plan inclut également la présence d’observateurs sur les navires, l’expérimentation de caméras à bord et le renforcement du survol aérien « pour définir l’aire de répartition de distribution des populations de dauphins qui fréquentent le golfe de Gascogne ».

L’utilisation de pingers désormais obligatoire pour tous les chalutiers pélagiques

Un arrêté a ainsi été publié le jeudi 3 décembre au Journal officiel rendant obligatoire l’équipement en dispositif de dissuasion acoustique (pingers) de tous les chalutiers pélagiques, sans distinction de taille et toute l’année, dans le golfe de Gascogne.

Les scientifiques du Conseil international pour l’Exploration de la mer (CIEM) avaient pourtant recommandé des mesures plus ambitieuses pour accompagner l’utilisation de pingers en mai dernier, notamment « une combinaison de fermetures temporaires des pêcheries problématiques ». Ils considèrent que les pingers réduiraient de 21% le total des captures accidentelles en mer, mais cet équipement présente également plusieurs inconvénients.

Leur efficacité varie en fonction des espèces : ils seront par exemple plus efficaces pour les marsouins communs que pour les dauphins communs, une espèce bien plus curieuse qui va avoir tendance à associer un son qui peut paraître initialement effrayant à une expérience positive (source de nourriture) et qui peut ainsi devenir acoustiquement attiré. Les dauphins vont en quelque sorte associer les pingers installés dans les filets de pêche à des sonnettes annonçant le dîner... De plus, ces dispositifs acoustiques ont aussi l’inconvénient d’introduire une source de bruit supplémentaire dans l’environnement marin. 

IFAW recommande la fermeture temporaire des pêcheries

C’est pour ces raisons que d’autres méthodes sont généralement mises en avant pour réduire les prises accidentelles de pêche. IFAW recommande notamment la fermeture temporaire des pêcheries, du 1er décembre 2020 au 31 mars 2021, ce qui permettrait d’éviter la mort inutile de milliers de dauphins communs, animaux emblématiques et protégés.